top of page
  • Facebook
  • Twitter
  • Instagram
Une révolution ?
Quoi de nouveau ?
Les idées de "l'ormée"
Les faits : chonologie

La Fronde

1648 - 1653

Appelée ainsi comme un jeu d'adolescents, stérile et futile mais dangereux. Pour certains, cela fut considéré comme une tentative avortée de révolution, à la même époque que la révolution anglaise qui coûta la vie du roi Charles 1° et fut dans l'histoire la première expérience révolutionnaire. En France, la Fronde dura 5 ans, contre la monarchie absolue incarnée par le cardinal Mazarin, sous la régence d' Anne d'Autriche, Louis XIV étant alors un enfant.

De fait ce fut un événement, inouï, imprévisible et impensable, ce qui fait qu'il a pu faire penser à une révolution. Mais, mené simultanément et concurremment par le parlement de Paris (noblesse de robe), les "grands" de la noblesse d'épée et la population urbaine, sans qu'il y ait eu d'innovation politique majeure, ce n'en fut pas une. Il en reste pourtant quelque chose, ne serait-ce que dans notre vocabulaire : les mots "fronde" et "barricade".

On sait qu'il en résulta le règne de Louis XIX, le "roi soleil", la monarchie absolue de droit divin et la centralisation extrême du pouvoir d'Etat, une singularité française.

fronde.png

Une révolution ? Non !

En effet, la majorité des frondeurs se méfiaient de la pensée républicaine qui se répandait alors en Angleterre (la première révolution anglaise de 1642 à 1651 : décapitation de Charles I° puis dictature de Cromwell). Les événements survenus alors de l'autre côté de la Manche apparaissaient comme un chaos, un désordre provoqué par les excès de l'hérésie religieuse et de la rébellion contre l'autorité légitime qui menacent de détruire l'ordre social. Dans les traces qui nous sont parvenues de cette époque, nul ne remettait en cause la nécessité d'un monarque. Leurs références étaient plutôt les écrits qui avaient cours pendant les guerres de religion à la fin du XVI° siècle. Les monarchistes s'inspiraient de Jean Bodin (théoricien de la monarchie absolue dans "Les six livres de la République"), les frondeurs de Théodore de Bèze (successeur de Calvin à Genève, soutenant le droit à l'insurrection contre la tyrannie dans "De jure magistratuum "). Le régime de Richelieu et Mazarin leur apparaissait comme une perversion de la monarchie : en regrettant les règnes directs du roi comme celui d'Henri IV, leurs critiques visaient, à travers la personne du ministre, l'exercice du pouvoir direct de la monarchie sur les sujets par des fonctionnaires révocables, les intendants. Bien peu  étaient ceux qui déploraient les conséquences de la fiscalité sur la vie des gens, sans parler des ravages que faisaient les troupes de mercenaires, que ce soient celles des "grands" ou celles du roi. Jamais le roi n'a été attaqué en personne, mais le ministre "étranger" (Mazarin était d'origine italienne) et la reine-mère régente usurpatrice d'une autorité qui n'était pas sacrée. A tel point que lorsque Louis XIV attint sa majorité (à 13 ans), l'impact des frondeurs sur l'opinion faiblit. Dans certains textes cependant, on remettait en cause la monarchie absolue (qui n'appartient qu'à Dieu selon les catholiques "dévôts" et surtout les jansénistes), en mettant en avant la monarchie terrestre comme un pacte entre le roi et ses sujets, rompu par l'absolutisme, ce qui justifierait la révolte des parisiens. Mais cette remise en cause était faite en référence au passé : il ne s'agissait donc pas de créer un nouveau régime mais de revenir à l'ancien (bien qu'il soit notablement idéalisé). Le parlement était considéré par les mêmes comme le gardien des lois fondamentales du royaumes auxquelles même le roi devait se soumettre. D'où le droit de remontrance des parlementaires. Parlera-t'on alors d'une représentation de la nation ? Certainement pas, car la notion d'ordre restait très vivace : il n'y eut pas sous la Fronde de contestation de la hiérarchie entre le clergé, la noblesse et les roturiers. Il y eut peu alors de pensée nouvelle développée sur le régime et le pays, et la notion même de Nation était encore très confuse dans les esprits.

 

Quoi de neuf ?

Une des nouveautés de l'époque, c'est la propagande. Certes Richelieu a fait lancer le premier journal officiel par Théophraste Renaudot en 1631. La nouveauté, ce sont la multiplicité des pamphlets (petits livres), les libelles (feuilles volantes) les pièces en vers et les chansons. D'après un témoin d'époque, s'il y en avait environs 300 par an à Paris sous Richelieu, il y en eut plus de 1000 en trois mois en 1649 pendant le siège de Paris par Condé. On en compte en archive près de 6000 dont 5200 sont imprimées. Ce sont les "mazarinades". Le duc d'Elbeuf et le coadjuteur de Gondi (futur cardinal de Retz) avaient constitué des équipes entières de rédacteurs de ces ancêtres des tracts, les "cabinets", tandis que les petits ateliers d'imprimerie parisiens se multiplièrent.

 

Un autre nouveauté : les barricades ? De fait, les premières sont apparues en 1588 pendant la guerre de religion contre Henri III par les ligueurs partisans du duc de Guise. Le mot vient des barriques remplies de terre, de cailloux et de fumier qu'on utilisait pour les dresser. Il s'agissait là essentiellement d'un mouvement urbain. Il était redouté du pouvoir car la population révoltée, dans une ville comme Paris au XVII° siècle, était pratiquement invincible face aux troupes royales, sauf à incendier et raser la ville entière. En 1652, Condé et ses troupes (du moins ce qu'il en restait), poursuivi par celles de Turenne, fidèle au roi, se réfugia dans Paris qu'il soumit brutalement. Il encadra et détourna à son profit la révolte des plus pauvres parisiens en les soudoyant et en les trompant par sa propagande. Mais la majorité des habitants de la ville se retourna contre lui et finit, en voyant l'impasse où les conduisait la Fronde et la dictature à laquelle Condé les soumettait, par se rallier au roi et à Mazarin. C'est ainsi que la Fronde se termina.

 

La Fronde est donc globalement une révolte qui tourne en guerre civile, puis en guerre entre le roi et Mazarin contre Condé pour finir par le triomphe de la monarchie absolue. Ce qui en résulte du côté de l'Etat est ce que les historiens de la Sorbonne appellent "la modernisation" de l'administration. Les gouverneurs de province n'eurent plus qu'une fonction honorifique et la réalité du pouvoir fut définitivement remise aux mains des intendants nommés et révoqués par le roi. La fonction de ministre tout puissant, tenue par Richelieu puis Mazarin, disparut; elle fut divisée entre plusieurs (finances, justice, armée, affaires étrangères) sous le contrôle direct du roi.

 

En ce qui concerne les idées, il y a les libelles et pamphlets. La grande majorité d'entre eux ont étét rédigés par les "grands" (en particulier par Gondi, futur cardinal de Retz) et par la cour royale, et diffusés par des "crieurs". Chacun avait sa propre imprimerie. Leurs revendications concernent l'exercice du pouvoir. En fait, les "grands" revendiquaient de partager le pouvoir absolu avec le roi, voire de le supplanter, quand d'autres réclamaient des prébendes ou des rentes. Certains déclarent que la monarchie est en déclin : il faudrait la régénérer ,en la limitant. Mais quelle alternative ? Selon la "fronde des grands", cela reviendrait à un régime d'oligarchie aristocratique, le pouvoir étant partagé entre les gouverneurs de provinces. Selon la "fronde parlementaire", ce serait une régionalisation.

 

Les idées de "l'Ormée"

Les Parlements, en effet, diffusaient eux aussi des libelles et des pamphlets, mais moins. Ce sont les plus intéressants, soit à Paris, soit à Bordeaux, où ils émanaient d'une assemblée qui se réunit régulièrement sur une place, d'où son nom : "l'ormée". Ils étaient pour certains influencés par les lectures des écrits protestants du XVI° siècle, et pour d'autres par les rares échos de la révolution anglaise, notamment les textes des "niveleurs" anglais apportés par des messagers de Cromwell (à l'époque, il n'était pas encore le Lord Protecteur de la république). La révolte, dans leurs textes, était déclarée légitime et le pouvoir royal excessif. On y a évoqué le suffrage universel et une politique sociale ainsi qu'un minimum d'égalité devant l'impôt (il y eut par exemple à Bordeaux une pratique d'impôt différent selon la dimension des portes, cochères, vitrées, individuelles ou collectives), mais pas de réorganisation de l'administration ni de réforme de la vénalité et de l'hérédité des charges publiques. On y proposa seulement une tenue permanente des Etats Généraux du royaume et leur compétence en matière financière, sur la liberté individuelle et sur la déclaration de guerre. Selon beaucoup, c'est le "peuple" qui a institué les rois et soutient l'Etat. Mais rares sont ceux qui évoquent la république par le mot d'ordre : "point de rois, point de princes !" comme les radicaux anglais. D'où leur surnom de "niveleurs" (levellers en anglais)!

 

La postérité de ces idées, on la retrouve peu et rarement, cependant. La seule opposition qui subsista après la Fronde fut celle des Jansénistes et du parti dévôt. Leur thème principal est le refus de considérer le roi comme le porte-parole de Dieu sur terre, et de prêcher que l'inspiration du saint Esprit sur la volonté royale est, ni plus ni moins, la même que sur celle du moindre de ses sujets. Mais elle n'inquiètera pas la royauté, car les Jansénistes ne remettent pas en cause directement le pouvoir royal. Louis XIV parviendra rapidement à condamner les textes de Pascal (les Provinciales) et à disperser les "messieurs" de l'abbaye de Port Royal.

Cependant, s'il n'y a là rien de révolutionnaire, les idées issues de la Fronde ont prolongé celles de la renaissance. Elles ont ouvert en France la question du pouvoir et de son origine : si ce n'est pas l'émanation surnaturelle d'une divinité, d'où procède-t'il ? Si l'on ne remet pas en cause la nécessité d'une autorité souveraine (la notion de souveraineté étant apparue à la fin des guerres de religion), quel est le souverain et comment délègue-t'il sa souveraineté au chef de l'Etat ? Une autre question est apparue alors et fit l'objet tout au long des XVII° et XVIII° siècle d'un grand débat : quelle est la fonction de l'Etat, discipliner et civiliser la foule par l'usage exclusif de la force publique en tant que gardien d'une morale imposée d'en haut, ou servir le peuple pour assurer son bonheur ? 

 

Chronologie des faits

Chronologie résumée :

Je ne m'étendrai pas trop là-dessus, car elle est chaotique, semée de coups de théâtre et de retournements, étant fortement influencée par la conjoncture internationale (la guerre de trente ans et l'influence espagnole), mais aussi par les manoeuvres de cour entre les "grands" nobles et Mazarin, sans parler des désordres inhérents à toute guerre civile, notamment les errances de bandes de mercenaires dans tout le pays.

 

1635 : déclaration de guerre à l'Espagne.

1636 : révolte de Croquants contre l'impôt (Sud Ouest)

1639 : révolte des Va nu pieds (Normandie)

1642 : conspiration de Cinq Mars réprimée; mort de Richelieu

1643 : Louis XIII annonce la régence de la reine Anne d'Autriche et institue le corps des Intendants.

Mort de Louis XIII. Louis XIV a 4 ans.

Victoire de Condé à Rocroi contre les espagnols. Mazarin succède à Richelieu au pouvoir malgré la cabale des Importants.

1644-47 : nombreuses tentatives de taxes nouvelles pour financer la guerre de trente ans qui ravage surtout la région rhénane. Ces projets d'imposition sont contrés par le parlement de Paris qui conteste l'autorité de la Reine et de Mazarin.

 

la fronde parlementaire :

1648 : le parlement annule des décrets de la reine créant des impôts et des charges et supprime les intendants. Le parlementaire Broussel est emprisonné, une émeute parisienne le libère le 27 août. La cour va se réfugier à Rueil.

La signature de la paix de Westphalie met fin à la guerre de trente ans.

Le parlement devient le pouvoir prépondérant et la cour rentre à Paris.

1649 : le roi fuit à Saint Germain en Laye. L'armée royale assiège Paris. Négociations sans issue. L'Espagne s'en mêle mais ses troupes sont arrêtées par l'armée royale.

En mai, Bordeaux et son parlement se soulèvent. Mais en août, la cour peut revenir à Paris.

A l'automne, Condé se brouille avec Mazarin, tandis que la première fronde bordelaise est matée.

1650 : Mazarin commence une longue série de manoeuvres de division des frondeurs entre les parlementaires, les grands princes menés par Condé, la noblesse de cour conduite par Gondi, Turenne et l'armée du Nord, le parlement de Bordeaux.

Plusieurs provinces conduites par des "grands" se révoltent et la cour se déplace de l'une à l'autre pour les soumettre; elle y parvient difficilement, surtout à Bordeaux, tandis qu'à Paris, le Duc d'Orléans intrigue avec le parlement.

 

1651 : les manoeuvres de Mazarin échouent. L'"union des frondes" est réalisée, du moins en apparence. Une assemblée de la noblesse se réunit à Paris et réclame la tenue des Etats Généraux du royaume. Mazarin doit fuir à l'étranger et le roi est bloqué à Paris. Mais tous deux resteront en contact permanent. La reine gagne du temps en attendant la majorité légale de Louis XIV et réussit à rompre l'union des frondes en promettant la tenue des Etats Généraux pour l'automne (ce qui n'aura jamais lieu).

La cour dresse la "vieille fronde" de Gondi contre Condé qui part à Bordeaux. C'est la guerre ouverte entre l'armée de Condé, appuyée par les Espagnols, et la cour que Mazarin rejoint avec une armée et que Turenne rallie. Le roi dispose enfin d'une armée et d'un général.

 

1652 : Au Nord, Paris et certains des princes s'insurge à nouveau. Battu autour de Bordeaux, Condé rejoint Paris en Avril et y sème la terreur.

En juin, l'Ormée s'empare de Bordeaux.

Paris est peu à peu assiégé par les troupes royales tandis que dans Paris même le parlement et la bourgeoisie tentés de faire la paix est dispersé; Condé se constitue un gouvernement autoritaire. En aôut, dans Paris affamé, des luttes se déroulent entre les troupes de Condé et les Parisiens excédés de leurs violences qui réclament le retour du roi.

Le roi joue l'amnistie des frondeurs modérés et Mazarin s'exile à nouveau, volontairement et provisoirement.

En octobre, le roi rentre triomphalement à Paris tandis que Condé s'enfuit à l'étranger et le cardinal de Retz emprisonné.

 

1653 : Mazarin fait un retour glorieux à Paris. Le roi rétablit tous les pouvoirs absolus que le parlement avait supprimé. Les parlementaires sont réduits à une chambre d'enregistrement. A Bordeaux, suite aux division entre les partisans de l'Espagne et les autres, la ville fait la paix avec les forces royales en août.

 

En quoi est-ce un événement ?

Ces 5 années de troubles et de guerre civile expliquent en partie la politique que Louis XIV va mener par la suite pour liquider toute opposition résiduelle à son pouvoir dans le royaume, tandis qu'il va oeuvrer d'abord pour achever l'abaissement de la puissance des Habsbourg sur l'Europe. Qu'en retiendrons nous ? Bien-sûr le renforcement et la centralisation du pouvoir royal avec l'échec définitif des manoeuvres de la noblesse pour conserver en partie au moins leur autorité locale. La gestion de l'Etat, sous le contrôle du roi, est passée aux mains de la bourgeoisie financière, même si elle est anoblie. C'est la conclusion qui est habituellement tirée par l'historiographie officielle. Le personnage emblématique de cela, c'est Colbert, un fils de drapier bourgeaois de Reims, un employé de Mazarin qui est passé au service du roi. Mais il y a autre chose : la consolidation d'une critique des aspects religieux de la monarchie absolue, car, avec l'apparition du jansénisme, on voit surgir une contestation durable du caractère "divin" du pouvoir royal. Il y a aussi le renforcement, malgré tout, de la présence des parlement de province qui, non contents de prendre leur distance avec l'autorité royale, relaient et approfondissent les idées politiques sur leur représentativité face à l'absolutisme. Ainsi des graines de pensée nouvelles sont semées. Elles germeront au XVIII° siècle. Enfin, le rôle des soulèvements populaires n'est pas négligeable, mais il est instrumenté par les parlements (celui de Bordeaux notamment) et les "grands" (surtout à Paris). Vers la fin de la Fronde, en 1650, Mazarin devra faire le tour de presque toutes les provinces pour les soumettre une à une. Ainsi, en 1652, Condé, par sa propagande et sa corruption, tentera de soulever les parisiens contre Mazarin mais il échouera. Je note toutefois que ces soulèvements contre l'impôt sont quasiment endémique tout au long du XVII° siècle.

Il faut aussi retenir d'autres points, qui ne sont pas vraiment des points de détail. Je pense aux mazarinades, à cette multitude de pamphlets qui ont inondé Paris et la province. On a dit, et c'est en partie vrai, que ces libelles, dont une partie seulement est parvenue jusqu'à nous dans les archives, ont été diffusés par Mazarin et par les "grands" qui entretenaient des ateliers de rédaction. Il faut se demander pourquoi cet effort leur a semblé nécessaire, sinon pour convaincre et rallier à eux la masse des habitants. Ne voit-on pas apparaître là ce qu'on appelle aujourd'hui "l'opinion publique" ? Et jusqu'à quel point est-on assuré, au XVII° siècle comme aujourd'hui, que ces tentatives de manipulation d'opinion ont été efficaces ? Il faut, en fin de compte se demander si la victoire finale de Mazarin a été dûe non seulement à son habileté manoeuvrière, mais aussi à la lassitude des gens, qui ont trop longtemps entendu soulever des questions sans réponse, et se sont finalement détournés des manipulateurs. En fin de compte, je me demande si la fonction essentielle d'un mouvement populaire comme celui-là est plus de poser des questions que d'apporter des réponses.

 

Bibliographie sommaire :

Je n'ai trouvé que peu d'ouvrages récents qui soient suffisamment synthétiques :

La Fronde, Michel Pernot, Tallandier, 1994 - 2012

C'était la Fronde, Jean-Marie Constant, Flammarion, coll. « Au fil de l'histoire », 2016

Il y a aussi des monographies, notamment les biographies de Louis XIV, de Mazarin, de Condé et d'autres ... qui s'intéressent surtout aux "grands" et des recherches fréquentes sur "l'Ormée" de Bordeaux et sur les "Mazarinades". A cet égard, l'ouvrage de référence est ancien mais n'a pas été dépassé : Christian Jouhaud, Mazarinades, la fronde des mots, Paris, Aubier, 1985.

Un événement ? En quoi ?
logo-cercle.png

© 2023 by Etienne Maquin. Proudly created with Wix.com

bottom of page